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La fonte des glaces arctiques et antarctiques s’accélère

LEMONDE.FR avec AFP | 09.03.11 | 09h2

En 2006, le Groenland et l’Antarctique ont perdu ensemble 475 milliards de tonnes de glace en moyenne.

Les glaces du Groenland et de l’Antarctique perdent de leur masse à un rythme accéléré. C’est la conclusion d’une nouvelle étude réalisée à partir d’observations satellitaires, financée par la NASA et publiée mardi 8 mars, qui fait craindre une montée des océans plus importante que prédit jusqu’à présent.

Cette recherche, la plus longue portant sur les changements de masse des glaces polaires, laisse penser que les pertes subies aux deux pôles dépassent celles des glaciers et des calottes de glace des montagnes pour devenir le principal contributeur à la montée des océans. En outre, l’augmentation du niveau des océans pourrait se produire beaucoup plus tôt que ne le projettent les modèles actuels.

UNE FONTE TROIS FOIS PLUS RAPIDE QUE CELLE DES GLACIERS DE MONTAGNE

Cette observation de près de vingt ans montre qu’en 2006 le Groenland et l’Antarctique ont perdu ensemble 475 milliards de tonnes de glace en moyenne. Un tel volume est suffisant pour faire grimper le niveau des océans de 1,3 millimètre en moyenne par an. Chaque année, au cours de l’étude, les deux masses de glaces arctiques et antarctiques ont perdu ensemble 36,3 milliards de tonnes en moyenne de plus que l’année précédente.

En comparaison, une étude de 2006 portant sur les glaciers et calottes de glace des montagnes estimait la perte à 402 milliards de tonnes par an en moyenne, avec une accélération de la fonte d’une année sur l’autre trois fois plus faible que dans l’Arctique et l’Antarctique.

AUGMENTATION DU NIVEAU DES OCÉANS DE 32 CM D’ICI À 2050

Si les taux de fonte aux deux pôles continuent à ces rythmes durant les quatre prochaines décennies, la perte cumulée de glace ferait monter les océans de 15 centimètres d’ici à 2050, concluent les auteurs de cette étude publiée dans l’édition de mars des Geophysical Research Letters. Outre ces 15 centimètres, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires des montagnes ajouteraient 8 centimètres, sans oublier un accroissement de 9 centimètres résultant de la dilatation thermique des eaux. Finalement, les océans pourraient donc voir leur niveau monter de 32 centimètres d’ici à 2050, selon ces chercheurs.

« Le fait que les glaces arctiques et antarctiques vont contribuer le plus à la montée des océans dans l’avenir n’est pas étonnant car elles contiennent beaucoup plus de glace que les glaciers des montagnes », note Eric Rignot, un chercheur du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena (Californie) et à l’Université de Californie à Irvine, l’un des principaux auteurs de cette communication. « Si les tendances actuelles persistent, les niveaux de la mer vont probablement être nettement plus élevés que ceux projetés par le Groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat (GIEC) en 2007″.

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Compte-rendu

Le déclin du phytoplancton met en péril la chaîne alimentaire

| 30.07.10 | 14h05

La menace est grave. Elle touche des organismes minuscules, mais qui sont à la base de toute la chaîne alimentaire : le phytoplancton. Depuis un siècle, celui-ci s’est dramatiquement raréfié, selon toute vraisemblance, en raison du réchauffement climatique. C’est ce que révèle une étude canadienne publiée dans la revue Nature du 29 juillet. Le constat est d’autant plus inquiétant qu’une seconde publication, canado-américaine, montre que la température océanique joue un rôle-clé dans la diversité des espèces animales marines.

Plusieurs travaux s’étaient déjà penchés sur l’impact du réchauffement sur la production de plancton végétal. Avec des résultats contradictoires. Ils se fondaient, pour l’essentiel, sur des images satellitaires couvrant la période récente. L’intérêt de la nouvelle étude est d’avoir collecté une masse énorme de données (près d’un demi-million d’observations), à la fois historiques et océanographiques.

En combinant les mesures de concentration de matière végétale disponibles sur plus d’un siècle, et l’analyse in situ d’échantillons, les chercheurs ont calculé qu’au cours du siècle passé la biomasse planctonique a régressé, à l’échelle du globe, de 1 % par an en moyenne. Le recul est particulièrement bien documenté dans l’hémisphère nord et à partir de 1950, avec, depuis cette date, une perte d’environ 40 %. La tendance vaut pour tous les océans, à l’exception de l’océan Indien, où est observée une progression. Elle est plus marquée dans les régions polaires et tropicales.

« Le phytoplancton est le carburant qui fait tourner les écosystèmes marins. Un déclin affecte l’ensemble de la chaîne alimentaire, humains compris », s’alarme Daniel Boyce, du département de biologie de l’université Dalhousie d’Halifax, qui a piloté l’étude. Au niveau économique, l’industrie de la pêche est directement concernée.

Ce n’est pas le seul risque. Le plancton végétal marin, formé d’algues et d’organismes microscopiques en suspension dans l’eau, absorbe en effet une forte proportion du dioxyde de carbone (CO2) émis par l’homme, en même temps qu’il produit la moitié de l’oxygène que nous respirons. En outre, il joue un rôle central dans la régulation de la machine climatique.

La cause de cet appauvrissement, affirment les scientifiques, est « la hausse des températures de surface des océans au cours du dernier siècle », dont les effets négatifs sont « particulièrement prononcés dans les zones tropicales et subtropicales ». Pour se développer, le plancton marin a besoin de lumière, mais aussi de nutriments présents dans les eaux profondes. Or, en se réchauffant, les océans ont tendance à se stratifier en couches qui freinent la remontée de ces aliments vers la surface.

D’autres phénomènes, comme l’oscillation australe El Niño, influent aussi sur la production végétale, mais sur des échelles de temps courtes et sans infléchir la tendance à long terme. « Le déclin du phytoplancton dû au climat est une autre dimension importante du changement global dans les océans, déjà éprouvés par la pêche et la pollution, commente Marlon Lewis, coauteur de la publication. De meilleurs outils d’observation et une meilleure connaissance scientifique sont nécessaires pour affiner les prévisions sur la santé future de l’océan. »

La seconde étude ajoute encore aux craintes. Une équipe spécialisée en biologie, écologie et milieu océanique, a dressé une carte mondiale de la répartition de plus de 11 000 espèces appartenant aux principaux groupes d’animaux et d’organismes marins, du zooplancton aux mammifères aquatiques comme la baleine, en passant par les coraux, les calamars ou les poissons. Ils ont constaté que, pour les espèces côtières, la biodiversité est particulièrement riche dans la partie ouest du Pacifique, tandis que pour les espèces océaniques, comme le thon et les grands poissons à rostre, elle est plus importante aux moyennes latitudes, dans tous les océans.

Les chercheurs ont ensuite passé au crible différentes hypothèses pouvant expliquer cette distribution spatiale. Et ils ont trouvé que le seul facteur environnemental auquel puisse être corrélée la plus ou moins grande diversité biologique est la température océanique. Même si, pour les espèces côtières, la disponibilité des zones d’habitat naturel entre aussi en jeu.

Il ne faut pas en conclure pour autant que des mers plus chaudes favoriseraient, à l’avenir, une explosion de la diversité de la vie aquatique. Bien au contraire, les scientifiques soulignent que « des changements globaux de température de l’océan pourraient avoir de fortes conséquences sur la distribution de la biodiversité marine ».

Ce n’est pas tout. La cartographie révèle aussi, de façon inattendue, que les zones où la variété des espèces est la plus foisonnante – les « hotspots » – sont aussi celles où l’empreinte des activités humaines est la plus marquée. Plus que d’autres, elles peuvent donc en être affectées. Camilo Mora, de l’université Dalhousie, met en garde : « Les effets combinés de la pêche, de la détérioration des habitats, de la pollution et du changement climatique sont une menace pour la diversité de la vie océanique. »

Pierre Le Hir »

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